Un chiffre inattendu met tout le monde d'accord : la génération Z, réputée pour son goût du zapping, affiche en réalité un taux d'épargne supérieur à celui des millennials au même âge, d'après la Banque de France. Alors que le Livret A reste le produit préféré des moins de 30 ans, ses rendements ne suivent plus la hausse des prix depuis 2023. Les baby-boomers, eux, continuent de détenir la majeure partie du patrimoine financier, même si leur rythme d'épargne ralentit. Les écarts s'accentuent, chaque génération avançant avec ses propres stratégies et obstacles, dessinant une cartographie inédite du rapport à l'argent.
Plan de l'article
Qui détient le plus d'épargne en 2025 ? Panorama des générations
L'épargne en France révèle des écarts de taille entre les générations. Les baby-boomers gardent la main : plus de 60 % du patrimoine financier moyen est aujourd'hui entre leurs mains. Un héritage de décennies de croissance, salaires en progression et accès privilégié à l'immobilier. Pour eux, la sécurité était la règle et le capital s'est accumulé sans précipitation, à l'abri des soubresauts économiques qui frappent davantage les plus jeunes.
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La génération X et la génération Y avancent avec plus de difficultés. Même si l'épargne a augmenté depuis la crise sanitaire, la constitution du patrimoine reste entravée : crédits au long cours, pression continue sur le pouvoir d'achat, envie de consommer. À la quarantaine, près d'un cinquième du revenu finit épargné, mais le cumul demeure loin derrière celui des retraités, qui gardent les leviers patrimoniaux.
Chez les moins de 30 ans, le rapport à l'épargne évolue rapidement. Sept sur dix mettent de côté, parfois de petites sommes, mais le réflexe est là, régulier. La génération Z avance dans un monde incertain, adapte ses outils et ses stratégies, préférant la réactivité à l'accumulation massive. Le numérique est omniprésent : comparateurs, automatisations, planification mobile. Les règles changent, l'objectif aussi, il ne s'agit plus seulement d'accumuler, mais de pouvoir agir vite, et s'adapter.
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Génération Z : des habitudes d'épargne qui bousculent les codes
L'épargne chez les moins de 30 ans ne ressemble plus à celle d'hier. La génération Z préfère l'agilité à l'attentisme : gestion 100 % digitale, multiplicité des outils, investissement modeste mais fréquent. La routine du virement unique en fin de mois cède la place à des gestes quotidiens, impulsés par les applications. Le contexte social pousse à la prudence, à la vision d'avenir malgré une précarité plus présente qu'autrefois.
Le smartphone règne : tout y passe, de l'ouverture de compte à l'intégration de simulateurs. L'accès immédiat, la possibilité de piloter son épargne de manière autonome, sont devenus incontournables. Transparence et accessibilité séduisent massivement la jeune génération, apportant une simplicité qui contraste avec les anciens schémas bancaires.
L'un des marqueurs forts reste la prise en compte des valeurs. Une part significative de jeunes sélectionne ses produits selon convictions environnementales ou sociales, quitte à rogner sur le rendement. La diversification s'installe aussi, plusieurs supports, des montants fractionnés, du livret aux actions en passant parfois par un peu de crypto, mais toujours avec prudence.
Quelques grandes tendances structurent ce renouvellement de l'épargne chez les nouveaux entrants :
- L'habitude de petits investissements répétés, où la constance compte davantage que la somme de départ. L'idée n'est pas d'accumuler en bloc mais de faire fructifier pas à pas.
- L'importance de l'impact : le sens donné à l'argent, que ce soit pour soutenir un projet éthique, ou investir dans le cadre d'une finance responsable.
- Le besoin vital de pouvoir disposer rapidement de son argent, quitte à délaisser des produits moins liquides.
La génération Z casse ainsi les attentes : elle veut tout piloter, garde un œil sur la transparence, cherche l'alignement avec ses convictions. Pour continuer à répondre présents, les poids lourds de l'épargne devront s'adapter vite, ou prendre le risque d'être contournés.
Livret A, cryptos, actions… Quelles alternatives séduisent vraiment les jeunes ?
Le Livret A trône toujours au sommet des premières épargnes. Accessible, lisible, il rassure à défaut de promettre des gains spectaculaires. Mais, avec un taux à 3 % annoncé pour 2025, ce livret n'est plus le rempart absolu face à l'inflation.
Les livrets réglementés comme le LDDS et surtout le LEP retiennent l'attention, notamment chez les étudiants ou ceux qui débutent dans la vie active. Le LEP séduit par son rendement augmenté, même si cet outil précieux reste encore trop discret et méconnu.
Côté placements dynamiques, l'assurance-vie retrouve un nouvel essor chez les jeunes grâce à la gestion pilotée et à la diversité des fonds proposés, de la sécurité du fonds en euros à la recherche de performance via les unités de compte. Les procédures digitalisées et l'arbitrage rapide font la différence à leurs yeux.
Quant aux ETF et titres en direct, ils prennent du poids : liberté, frais réduits, gestion autonome séduisent. Les cryptomonnaies intriguent, mais occupent encore une place marginale dans la constitution du patrimoine des moins de 30 ans. Généralement, leur part ne dépasse pas le dixième des montants investis.
Parmi les alternatives moins courantes, certaines distinctions se dessinent :
- PER : le plan d'épargne retraite peine à s'imposer chez les jeunes, renvoyé à plus tard, perçu comme trop verrouillé.
- SCPI : la pierre-papier attire ponctuellement pour ses promesses de revenus, mais la question de la liquidité retient souvent l'engagement.
Ce que la jeune génération retient ? Plus de flexibilité, une clarté sur les frais, la possibilité de moduler et de retirer sans contrainte. Elle construit peu à peu son portefeuille sur la diversité des supports et la capacité à agir à tout moment, loin des schémas statiques du passé.
Choisir le bon placement selon son âge : conseils pratiques pour chaque génération
Débuter : priorité à l'épargne de précaution
Lorsque l'on démarre, la première marche consiste à mettre en place une réserve : trois à six mois de dépenses courantes, avec les livrets réglementés (Livret A, LDDS, parfois LEP si l'on y est éligible). Sécurité et disponibilité sont les mots d'ordre. Une fois ce matelas constitué, il devient pertinent de s'intéresser à l'assurance-vie pilotée ou aux ETF pour viser une progression sur le long terme.
Trente-quarante ans : diversifier, préparer demain
L'arrivée de nouveaux revenus donne l'occasion d'ouvrir le jeu. L'assurance vie multisupport, comme chez Lucya Cardif ou Linxea Spirit, permet de répartir entre fonds en euros et unités de compte selon son profil. Le PEL devient une option à considérer en vue d'un achat immobilier futur. Une fois la sécurité assurée, le PER s'adresse à ceux qui projettent déjà leur retraite, et veulent profiter de son cadre fiscal plus avantageux.
Pour ne pas se perdre dans la diversité des choix, quelques principes guident au quotidien :
- Automatiser ses versements pour profiter de la régularité et limiter l'effet des fluctuations de marché.
- Analyser l'ensemble des frais associés et se tourner vers des solutions faciles à ajuster soi-même.
Quarante ans et plus : sécuriser, transmettre, optimiser
Passé le cap de la quarantaine, la priorité va à la préservation du capital et à l'optimisation de la transmission. L'assurance-vie devient l'outil tout trouvé pour faciliter la succession et répartir ses actifs en douceur. Le PER permet d'aménager sa fiscalité à l'aube de la retraite, tandis que pour les patrimoines étoffés, les SCPI proposent une diversification satisfaisante et la perspective de revenus complémentaires, pour qui accepte un horizon d'investissement long et moins liquide. Adapter ses placements au contexte de l'inflation et aux changements de règles devient alors un exercice régulier.
À chaque période de la vie, la stratégie change, mais une constante demeure : rester souple, ajuster régulièrement son cap, et savoir saisir ce que chaque époque peut offrir ou cacher. Peut-être faudra-t-il déjà revoir le modèle d'ici dix ans : la carte de l'épargne française, toujours en mouvement, n'a pas dit son dernier mot.








